L’EMDR : Tout e que vous devez savoir sur cette nouvelle thérapie

Publié le par

​Non, EMDR ne veut pas dire, en langage de jeunes : Encore Mort de Rire.
Il s'agit d'une pratique à visée psychothérapeutique qui consiste, globalement, à bouger les yeux pour guérir les traumatismes psychiques.

thérapie EMDR

LA THERAPIE EMDR, C'EST QUOI ?

Cette pratique, qui fait de plus en plus parler d’elle, signifie : Eye Movement Desensitization and Reprocessing (en français « désensibilisation et reprogrammation neuro-émotionnelle par des mouvements oculaires »).

Comme mentionné, elle consiste, en gros, à bouger les yeux pour guérir ses traumatismes psychiques.

On pourrait dire qu’il s’agit d’une forme d’hypnose, spécialement indiquée pour les états de stress post-traumatique.

En France, c'est le livre « Guérir » du psychiatre David Servan-Schreiber, alors Président de l’Association EMDR-France, qui a fait connaître la thérapie EMDR.

Mais comme mentionné, cette méthode nous vient des Etats-Unis, où elle a été mise au point par la psychologue Francine Shapiro.

Cette dernière raconte que lors d’une promenade en 1987, elle s’est rendue compte que suivre rapidement du regard des vols d'oiseaux l'aidait à chasser ses « petites pensées négatives obsédantes». 

Elle décida alors de rédiger de son doctorat en psychologie comportementale sur ce sujet, avant de publier, deux ans plus tard, la première description officielle de l’EMDR.

Devenue chercheur au Mental Research Institute de Palo Alto, Francine Shapiro a reçu, en 2002, le prix Sigmund Freud par l’Association mondiale de psychothérapie et la ville de Vienne.

Entre-temps, 60'000 praticiens avaient été formés à la thérapie EMDR dans plus de 80 pays, principalement dans le but d’intervenir sur les états de stress post-traumatiques subis par les victimes de conflits, violences sexuelles ou catastrophes naturelles.

FONCTIONNEMENT DE LA THERAPIE EMDR

Dans son livre Des yeux pour guérir, Francine Shapiro, explique que lorsque tout va bien, nous intégrons nos expériences actuelles (informations sensorielles et cognitives entre autres) à la somme de de nos expériences passées. Elle appelle ce processus : Traitement Adaptatif de l’Information (TAI). 

En revanche, une expérience traumatique grave provoquerait l’interruption du fonctionnement normal de notre système neurologique de traitement de l’information (mise en échec du système TAI).

Les informations non assimilées se représenteraient alors régulièrement et spontanément à notre mémoire dans leur état d’origine, aussi longtemps que leur traitement n’aura pas été effectué de manière acceptable et compatible avec notre psychisme.

Autrement dit, lorsque, nous digérons mal un événement douloureux, les images, sons et sensations liés à cet événement seraient stockés « bruts » dans notre cerveau. Ils se réactiveraient ensuite au moindre rappel du traumatisme, au lieu d’être intégrés à notre mémoire comme n’importe quel autre événement de notre passé.

Les mouvements oculaires de la thérapie EMDR permettraient de débloquer l’encodage douloureux de ces information traumatiques et de réactiver notre système naturel de TAI.

Ainsi par exemple, en cas d'agression sévère, nous pourrions nous souvenir de l’évènement sans ressentir tout le poids des émotions négatives associées. En fait, nous parviendrons à dissocier l’émotion  du souvenir.

A ce sujet, il faut comprendre que la thérapie EMDR (comme toutes les formes d’hypnose d’ailleurs) est fondée sur le constat que le seul fait d’évoquer verbalement un traumatisme ou un mal-être n'est souvent pas suffisant pour le faire disparaitre. En effet, il est important d’impliquer également notre corps et nos émotions dans le processus de guérison (voir à ce sujet mon article sur l’Hypnose).

Dans le cas de l’EMDR, il s’agit de porter notre attention simultanément sur la situation problématique du passé et sur les stimulations sensorielles du présent. Cela permettrait de transmettre des informations apaisantes à la région de notre cerveau qui contrôle la peur.

Les images, sons et sensations liés au traumatisme – jusqu’alors prêts à se réactiver au moindre rappel - basculeraient dans la pensée rationnelle et seraient archivés dans le passé. Cela favoriserait l’intégration de l’expérience traumatique à notre vécu.

En d’autres termes, le fait de nous amener à conserver un état d’attention double — à la fois sur notre souvenir traumatique et sur une stimulation sensorielle - aurait pour effet d’envoyer des informations en direction des centres de la peur (notamment l’amygdale).

Un nouveau lien s’établirait donc, cette fois-ci entre la remémoration du souvenir traumatique et l’état d'apaisement apporté par les mouvements oculaires dans un contexte de sécurité.

Ainsi, notre souvenir traumatique se relierait progressivement à un ensemble de pensées non génératrices d'émotions, ce qui nous permettrait de considérer autrement l'évènement à l'origine de notre stress post-traumatique.

Retour au menu

INDICATIONS DE LA THERAPIE EMDR

Depuis 20014, l’EMDR est reconnue comme efficace pour le traitement des syndromes post-traumatiques par l’Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale (INSERM).

Si l'EMDR a d'abord été validée pour les cas de stress post-traumatique, cette méthode est désormais également utilisée pour toute sorte de cas, du moment qu’un trauma, même minime, est à l’origine du problème.

Cela peut concerner certaines phobies, attaques de panique, addictions, troubles du comportement alimentaire, deuils difficiles, voire même, dépressions (lorsque ces dernières ont été engendrées par une rupture, un licenciement, ou une blessure d’enfance).

Seuls les cas de psychose, les états suicidaires et les troubles cardiaques figurent parmi les contre-indications.

Retour au menu

DEROULEMENT D'UNE SEANCE

ENTRETIENT AVEC LE THERAPEUTE

La première phase de la thérapie consiste à s'assurer que l'EMDR est un traitement adapté à notre cas.

En effet, nous devons avoir la capacité de faire face aux souvenirs de l’événement traumatique. Autrement dit, il faut que nous soyons capables de contrôler nos émotions car elles seront ravivées durant la thérapie.

Le thérapeute nous explique ensuite  le déroulement de la thérapie.

EVALUATION DE LA DETRESSE EMOTIONNELLE

Au cours de cette seconde étape, nous devons, pour chaque événement traumatisant, choisir une image représentative de l'événement ou de la situation.

Nous devons ensuite évoquer l’idée négative associée à cet événement (comme par exemple « je suis en danger») et l’émotion désagréable qui accompagne cette pensée (la peur).

Cette détresse émotionnelle doit être évaluée sur une échelle de 1 à 10 puis être localisée dans le corps.

CHOIX D'UNE COGNITION POSITIVE

A ce stade, nous devons choisir une pensée positive à mettre en place (par exemple « j’ai les ressources pour m’en sortir »). 

Cette pensée est appelée cognition positive.

DESENSIBILISATION

Vient ensuite la phase proprement dite de désensibilisation.

Durant cette phase, nous sommes invités à suivre des yeux les mouvements effectués par la main du thérapeute, tout en gardant à l'esprit l’image associée à l’expérience traumatique et le ressenti corporel. 

D’autres stimulis que le mouvement des doigts peuvent être utilisés, comme des bruits successifs de gauche à droite, des claquements de doigt etc… 

Aux débuts des thérapies EMDR, les thérapeutes utilisaient exclusivement les mouvements oculaires. Toutefois, la pratique a permis de constater que pour les personnes plutôt kinesthésiques (réceptives au toucher) ou auditives (réceptives aux sons), des stimulations tactiles (tapotements sur les rotules, les mains ou les épaules), respectivement auditives (des écouteurs délivrent des sons alternatifs) permettaient des résultats similaires aux stimulations visuelles.

Au cours de la phase de désensibilisation, nous sommes par ailleurs encouragés à suivre les associations mentales qui se font naturellement dans notre tête. 

Ce sont ces associations progressives qui sont censées être au cœur du traitement, par exemple en ramenant à la conscience des événements oubliés. 

Cette phase du traitement continue jusqu'à ce que nous évaluions notre détresse émotionnelle à 0 ou à 1 sur l'échelle introduite lors de la phase précédente.

PHASE D'ANCRAGE

Cette phase vise à associer l'idée positive déterminée en début de séance au reste de souvenir de l'événement traumatisant. 

Quand l'évaluation de la détresse émotionnelle atteint 1 ou 0, le thérapeute nous demande de penser à notre cognition positive.

Les mouvements oculaires continuent jusqu'à ce que nous intégrions émotionnellement la validité de la cognition positive.

BILAN CORPOREL

Enfin, le thérapeute procède à un bilan corporel au cours duquel toutes nos sensations corporelles sont systématiquement passées en revue. Cela afin de repérer les « tensions » subsistantes et de nous aider à les dissiper, toujours à l'aide de séries de mouvements oculaires.

A la fin de chaque séance, il est important que le thérapeute face en sorte que nous soyons dans un état émotionnel stable, que le traitement soit terminé ou non. Il doit également nous préparer à réagir correctement (relaxation etc.), au cas où le souvenir de l'expérience traumatisante surgirait entre les séances.

Pour cette raison, il est indispensable de pratiquer l'EMDR avec un psychiatre ou un psychologue dûment formé. Les coordonnées de  ces praticiens peuvent être trouvées sur le site d'
EMDR France

Cette association fixe, en France, les exigences de formations nécessaires à la pratique de cette technique. Elle obéit aux critères de formation de l'association EMDR Europe, laquelle donne l'accréditation aux praticiens EMDR certifiés.

DUREE & PRIX D'UNE SEANCE

Une séance dure entre 1h et 1h30, sachant qu’il faut en moyenne compter 3 à 12 séances de thérapie, pour un prix compris entre 60 et 120 euros la séance.

Retour au menu

LA THERAPIE EMDR, EFFET PLACEBO ?

Même lorsque la thérapie EMDR est pratiquée par des professionnels compétents, peut-on affirmer que cette technique soit vraiment efficace ? Ou alors s’agit-il, comme pour de nombreuses approches faisant appel à la manipulation des émotions, d’un effet placebo ?

Comme mentionné, l'Institut national de la santé et de la recherche médicale a publié une expertise collective sur l'efficacité de l'hypnose et de ses dérivés, dans laquelle l’utilisation de l’EMDR a été reconnue pour le traitement des états de stress post traumatique.

Le rapport souligne toutefois que cette technique n’est pas plus efficace que les thérapies comportementales et cognitives (TCC), dont on peut conclure que l’EMDR ne serait finalement qu’une variante.

De ce fait, pour les détracteurs de la technique : « Ce qui est efficace dans l'EMDR n'est pas nouveau, et ce qui est nouveau n'est pas efficace. »

Quoiqu’il en soit, l’efficacité de la thérapie EMDR est actuellement reconnue dans le monde par d’autres instances que l’INSERM, soit, depuis 2004, par l'American Psychiatric Association ainsi que par le Département de la défense et les hôpitaux des vétérans aux Etats-Unis. Depuis 2013, la pratique de l'EMDR est également reconnue par l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS).

En France son utilisation est recommandée pour le traitement du syndrome de stress post-traumatique par la Haute Autorité de la Santé (cf.  Guide HAS - juin 2007 - p. 18).

Suivez-moi sur les réseaux sociaux !

Laisser un commentaire