L'épuisement professionnel désigne un état de fatigue émotionnel, mental et physique. Il se caractérise par un manque de motivation et de performance après des mois, voire des années, de surmenage.

Le burnout c'est quoi ?
Le terme de burnout a été employé pour la première fois en 1974 par le psychiatre américain Herbert Freudenberger, qui l’a qualifié de « brûlure interne ». En effet, littéralement, faire un burnout, c’est « brûler de l’intérieur, se consumer ».
Catherine Vasey, psychologue et auteure de Burnout : le détecter et le prévenir explique qu’il s’agit d’une "usure à petit feu qui trouve sa source dans le cadre professionnel".
Toutefois, et même si le burnout prend naissance dans le cadre professionnel, il n’est pas reconnu comme maladie professionnelle en France.
Dans leur livre Vaincre l'épuisement professionnel, Suzanne Peters, coach, et Patrick Mesters, neuropsychiatre, estiment que 5 % des salariés seraient en burnout moyen. De plus, 16 % d'entre nous seraient à risque, et entre 4 et 7 % en burnout complet.
Or, un syndrome d'épuisement professionnel ne devrait pas être pris à la légère. Ses conséquences peuvent être graves. Au départ, nous pouvons constater une réduction temporaire de notre productivité. Puis au fur et à mesure, le burnout risque de nous conduire à la dépression, voire, dans les cas les plus graves, nous pousser au suicide.
De plus, les conséquences d’un épuisement professionnel ne se limitent pas seulement à nous-mêmes et notre entourage. Du fait de ses répercussion économiques (pertes de productivité, coût des traitements etc.), ce problème touche aussi l’ensemble de la société.
Alors quelles sont les causes du burnout ? Quels en sont les symptômes et qui est à risque ? Je fais le point avec vous.
Les symptômes du burnout
Un processus lent, souvent invisible
Après avoir fourni un travail éprouvant, il est tout à fait normal que nous nous ressentions de la fatigue, que ce soit physiquement ou mentalement. Nous connaissons tous cet état.
En règle générale, nous parvenons à recharger nos batteries énergétiques selon des méthodes qui nous sont propres (grasse matinée, sport, massages, week-end touristique, jeux en famille etc…)
On parle d'épuisement professionnel lorsque ces méthodes ne fonctionnent plus, que la fatigue s'installe durablement, et que nous ne parvenons plus à récupérer.
En fait, le burnout est un processus et non un état. Le propre de ce processus, c'est que bien souvent, nous ne nous rendons pas compte de son existence.
Alors que l'épuisement se met progressivement en place, nous avons tendance à travailler davantage, à penser continuellement aux objectifs fixés, et à nous rendre toujours plus disponibles. Nous menons alors nos journées au rythme d'une cadence effrénée, sans forcément le réaliser. Ce faisant, nous tenons de moins en moins compte de nos limites, jusqu'à ce que nous perdions le contrôle.
Un effondrement spectaculaire
Même si l'évolution du burnout est très lente, et que le processus est souvent invisible, l'épuisement devient spectaculaire le jour où nous ne sommes plus en mesure d'ignorer nos limites.
C'est lorsque nous arrivons "au bout de l'épuisement", que nous assistons, impuissants, à notre "pétage de plombs". C'est le moment où nous craquons, au point de ne plus être en mesure d'accomplir la moindre action.
Des signes annonciateurs
Pour éviter d’en arriver-là, il convient d’être attentif aux symptômes annonciateurs, qui doivent nous alarmer lorsqu’ils commencent à se manifester simultanément :
- Fatigue chronique qui ne disparaît pas, même après une période de récupération.
- Troubles du sommeil (voir à ce sujet mon article sur l'Insomnie).
- Irritabilité voire agressivité.
- Perte de concentration, agitation, difficulté dans la prise de décision.
- Sentiments cycliques de frustration, de résignation, voire de désespoir.
- Tachycardie ou instabilité de la pression artérielle.
- Maux de tête, de dos et/ou d’estomac.
Comme mentionné, la plupart d'entre nous aurons tendance à minimiser, voire à ignorer ces symptômes. Ce réflexe est dangereux. Car c'est ce déni qui conduira à la progression insidieuse des symptômes, et finalement à notre point de rupture physique et mental.
Si vous souhaitez contrôler, au moyen d'un questionnaire d'auto-évaluation, ce qu'il en est pour vous, vous pouvez passer le test proposé sur le site therapiebreve.be. Ce test explore les trois dimensions du burnout (épuisement personnel, professionnel et relationnel), et il est disponible ici: LE TEST DU BURNOUT.
Qui est à risque de burnout ?
En théorie, personne n’est à l’abri d’un burnout.
Cette forme d'épuisement touche les hommes comme les femmes, toutes professions confondues, voire ceux qui n’exercent pas d’activité professionnelle (femmes au foyer, chômeurs, retraités, étudiants).
En pratique, on constate toutefois :
- Que certains secteurs professionnels sont spécifiquement à risque (cadres, entrepreneurs, enseignants, professions de la santé et du social).
- Que la plupart des individus concernés sont des personnes fortes, efficaces et fiables, autrement dit, de personnes « pilier », avec un caractère de type "battant".
Dans les secteurs susmentionnés, les personnes piliers, avec un caractère de "battants" sont très engagées dans leur travail, perfectionnistes, et en quête de reconnaissance.
Ce sont elles qui subissent le plus les tensions et le stress car elles ne comptent ni les heures ni l’énergie dépensée au travail.
Les personnalités de types battant ont pour caractéristique d'avoir:
- De hautes attentes de performance et de grandes exigences à l’égard d'elles-mêmes, souvent fondées sur une crainte de l’échec.
- Un désir intense de reconnaissance.
- Des difficultés à dire non (notamment de peur d’être rejeté) et le désir de satisfaire tout le monde.
- Un sentiment d’identité fortement lié au travail et à la réussite professionnelle.
- Une tendance à ignorer nos propres besoins et les signaux d’alarmes de notre corps.
Comme mentionné, il est vrai que notre monde contemporain favorise la mise en place de ce type de personnalité, de par les valeurs sociales et modes de vies actuels.
De plus, au vu de l’allongement toujours croissant de la durée des études et de la variété du choix des filières professionnelles, le travail représente une chance d’épanouissement personnel. Mais malheureusement, dans de nombreux cas, il représente aussi et surtout une obligation de développement personnel et d’auto-promotion.
Après de longues et couteuses années de formation, nous nous attendons à ce que cet « investissement » paye d’une manière ou d’une autre, que ce soit sous forme de revenus, prestige professionnel ou de promotion régulière au cours de la carrière.
Si vous vous reconnaissez dans ce type de personnalité, vigilance donc ! Vous êtes plus susceptibles qu'un autre d'être frappé par un épuisement professionnel.
Si vous souhaitez avoir le coeur net quant à votre risque de burn-out, je vous conseille de passer le test proposé par le site Psychologies : Pourriez-vous faire un burnout ?
Les autres facteurs de burnout
Des conditions de travail anxiogènes
De par sa nature, notre société actuelle produit des conditions de travail anxiogènes.
En effet, trois caractéristiques de notre monde contemporain ont été identifiées comme spécifiquement propices à produire un burnout :
- Le risque de perdre son emploi
Depuis que la société industrialisée a été remplacée par une société informatisée, le travail est devenu de plus en plus rare, alors que la productivité a augmenté de manière exponentielle.
De ce fait, nous sommes nombreux à nous sentir concernés par le risque de perdre notre poste, et prêts à fournir touts types d'efforts pour conserver notre place.
Les études montrent d'ailleurs qu'en temps de crise économique avec menace de perte d'emploi, nous fournissons de plus en plus d'heures supplémentaires non payées.
- La disponibilité constante
L’ère électronique (portables, Blackberry, Notebook, liaison internet partout sur le territoire) a contribué à supprimer nos pauses lors des moments « creux » de la journée.
Désormais, nous percevons comme une nécessité, voire une évidence, d'être constamment disponibles.
- Le management par la "pression sans contrainte"
Dans les années 1990, les systèmes d’enregistrement des heures de travail (pointeuses) ont été abolis, au profit de nouveaux concepts de gestion d'entreprise comme le "lean management" ou la mise en place d'un "temps de confiance".
A priori, on pourrait penser que de tels systèmes d’encadrement rendraient nos conditions de travail plus faciles et agréables, nous laissant plus de liberté pour organiser notre travail et nous auto-gérer.
En réalité, cette nouvelle autonomie nous surcharge. Le temps de travail réglementaire théorique a été remplacé par la nécessité d’accomplir des objectifs ambitieux. C'est ce qu'on appelle la « pression sans contrainte ».
Nous travaillons davantage, non parce que nos supérieurs hiérarchiques le demandent, mais par crainte de ne pas atteindre le résultat attendu d’eux. Et, en période de crise économique, chacun d'entre nous sait que si nous ne répondons pas aux attentes, notre nom risque d’être le prochain sur la liste de réduction d'effectifs.
De ce fait, et paradoxalement, l’augmentation de nos marges de manœuvre se révèle constituer une menace d’un type nouveau. Comme l'explique Catherine Vasey, Dans notre société, l’hyper-activité est sur-valorisée. Dès lors, les gens ne sont pas évalués sur les bons critères. On leur demande de faire mille choses à la fois, d’aller le plus vite possible, et avec les nouveaux moyens de communication, de toujours répondre dans les cinq minutes.

En plus des caractéristiques de notre société, certaines conditions de travail sont de nature à causer du stress, qui, s'il se prolonge, sera susceptible de provoquer un épuisement professionnel.
Parmi ces conditions, on peut citer :
- Des attentes irréalistes concernant la quantité de travail à fournir dans des délais très courts.
- Un champ de responsabilité non clairement défini ou au contraire, un champ de manœuvre excessivement restreint.
- Un manque de ressources à disposition (personnel, moyens financiers ou même savoir-faire nécessaire).
- Une dévalorisation – implicite ou explicite – du travail effectué.
- Des astreintes administratives excessives.
- Une mauvaise coopération au sein de l’équipe (manque de communication, manque de soutien de la part des collègues ou des supérieurs hiérarchiques).
Toutefois, même si l'ensemble de ces conditions sont réunies, encore faut-il qu'elles engendrent chez nous un stress prolongé pour risquer de provoquer un burnout.
Un stress chronique
Contrairement à ce que l’on pense souvent, la première cause d’un burnout n’est pas psychologique, mais physiologique. L’épuisement est dû à un stress important et répété.
Le stress est une réaction du corps, permettant de nous mettre en alerte le temps d’un danger. Le problème, c’est lorsque ce fonctionnement en état d’urgence devient notre mode de vie.
En effet, une situation de stress prolongé conduit notre organisme à secréter du Cortisol, ce qui lui est particulièrement nuisible.
Cette fatigue de fond va progressivement impacter notre moral (doutes sur nos compétences et qualités, irritabilité etc.). C’est à ce moment-là que l’épuisement émotionnel viendra s’ajouter à l’épuisement physique.
Donc, pour récapituler, les causes du burnout c'est :
- une personnalité dite "de battant";
- des conditions de travail anxiogènes (risque de perte d'emploi, disponibilité constante et management par la pression "sans contraintes" notamment);
- un stress chronique.
Maintenant que nous nous avons compris les causes du burnout, voyons quelles solutions nous pouvons mettre en place pour l'éviter ou y faire face.
Lutter efficacement contre le burnout
Réduire les facteurs de stress externe
La solution la plus immédiate pour lutter contre le burnout consiste à réduire les facteurs de stress externe, c’est à dire à modifier les conditions de travail anxiogènes.
Parmi ces techniques de réduction des facteurs de stress externe, on peut citer:
- Lorsque nous sommes constamment interrompus dans notre travail (appels téléphoniques, visites de collègues etc.): Prévoir des plages horaires protégées, durant lesquelles nous fermons notre porte et ne répondons à aucun appel ou email.
- Lorsque les objectifs qui nous sont fixés sont contradictoires ou imprécis : Demander des clarifications factuelles sur les buts à atteindre.
- Lorsque les délais qui nous sont fixés sont trop serrés : Avertir le plus vite possible notre supérieur hiérarchique des difficultés que nous allons potentiellement rencontrer pour rendre la tâche demandée à temps. Eventuellement, discuter d’un report.
- Si nous sommes victimes d’une surcharge de travail : Noter précisément le temps consacré à chaque tâche et ne pas hésiter à le faire savoir à notre supérieur hiérarchique. Cela permettra d'identifier si la surcharge provient d'une lenteur de notre part ou du caractère irréaliste des tâches assignées.
- Si nous nous sentons inexpérimentés pour l’exécution d’une tâche : Ne pas hésiter à demander une supervision de la part d’un collègue plus expérimenté. Et ce en accord avec la hiérarchie (afin que ledit collègue ne se retrouve pas surchargé mais valorisé).
Toutefois, ces solutions ne sont pas toujours faciles à mettre en œuvre car elles exigent une structure psychique solide et une saine confiance en soi.
De la même manière que nous serons mieux à même de gérer un effort physique prolongé si nous bénéficions d’une bonne santé et d’un entrainement approprié (expérience), nous serons davantage capables de faire face à une pression psychologique chronique si nous sommes solides psychologiquement et entrainés à répondre efficacement au stress.
C’est pourquoi, s'il est important d’apprendre à réduire les causes externes – donc objectives – du stress, il est également fondamental d’acquérir des stratégies pour améliorer notre résistance psychique.
Réduire les facteurs de stress internes (autrement dit, améliorer notre résistance psychique)
Parmi les stratégies les plus efficaces pour réduire les facteurs de stress interne, autrement dit pour améliorer notre résistance psychique, on peut citer :
- Revoir nos attentes professionnelles et s’interroger sur l’importance que prend le travail dans notre vie quotidienne (c'est dont je parle à l'étape 2 de cet article).
- Mettre en place des ressources physiques (alimentation saine, pratique sportive régulière) et mentales (contrôle des pensées négatives, abandon des relations toxiques etc.) pour se renforcer psychologiquement.
- Mettre en place une méthode efficace de gestion du temps (apprendre à identifier les « lieux d’usure », tels que les interruptions intempestives, les tâches récurrentes et inutiles, etc.)
Il est bien évident que ces stratégies d’adaptation ne sont pas nécessairement faciles à mettre en oeuvre. Elles demandent du temps (pour parvenir à changer nos habitudes tant mentales que physiques) et l’aide d’un thérapeute compétent peut être nécessaire pour obtenir des résultats durables.
Cela me fait penser que, suite aux demandes de plusieurs d'entre vous, je vais essayer de trouver le temps pour pondre tout bientôt un article sur comment trouver son thérapeute 🙂
Sur ce commentaire, je vais m'arrêter là pour aujourd'hui, car je crois bien avoir fait le tour de la question concernant le burnout.
La semaine prochaine, je vous ferai part de ma méthode pour reprendre sa vie en mains lorsque tout semble partir en sucette 🙂
En attendant, je vous remercie de m'avoir lue, et comme d'habitude, dites moi ce que vous avez pensé de cet article dans les commentaires !