Gérez votre Stress

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Aujourd'hui, nous sommes de plus en plus nombreux à être frappés par ce que beaucoup considèrent comme le mal de notre siècle : le stress.

Ce mot recouvre toutefois plusieurs réalités différentes, et il n'est pas toujours évident de mettre le doigt tant sur les causes de cette émotion que sur la manière dont elle se manifeste.

Un état des lieux s'impose.

​Un monde dominé par la montée de l'anxiété

Angoisse, crise de panique, burnout, phobies, dépression …, les anxieux, au sens large, n’ont jamais été aussi nombreux.

En France, si l’on en croit les statistiques, il s’agirait de 15 à 20 % d'entre nous. Au point que Christophe André, psychiatre de l’hôpital Saint-Anne à Paris et auteur d’une série de best-sellers sur le sujet, parle « d’épidémie » n’épargnant aucune génération : "Les parents sont anxieux vis-à-vis de l'éducation de leurs enfants, les enfants le sont pour leur avenir, les personnes âgées, par rapport aux évolutions de la société qui les dépassent, bref, toutes les générations sont touchées."

Cette épidémie ne serait d’ailleurs pas contenue aux frontières françaises. Elle augmenterait dans tous les pays occidentaux depuis plus d’un demi-siècle.

A ce propos, une large étude publiée dans la revue de la Société américaine de psychologie établit que le niveau d’anxiété chez les étudiants américains d’une vingtaine d’année est en constante progression depuis 1950.

​Une montée de l'inquiétude due à deux facteurs

Un environnement extrêmement mouvant

Les motifs de cette montée de l’inquiétude tiendrait moins à des menaces réelles qu’à la difficulté de s’adapter à un environnement extrêmement mouvant (liens familiaux distendus, crise de valeurs, évolutions technologiques constantes, mutations rapides du monde du travail).

Certes, notre monde actuel est, par beaucoup d’aspects, meilleur que le précédent (diminution des guerres, améliorations considérables en termes de santé et d’éradication de maladies mortelles, augmentation perpétuelle du confort).

Cela étant, l’instabilité engendrée par les mutations permanentes de l’environnement amène une dose d’incertitude difficile à gérer émotionnellement.

La pression sociale pour se réaliser

Aux transformations constante de l'environnement s’ajoute encore la pression sociale qui pèse sur chacun de nous pour « se réaliser », tant au plan tant professionnel que familial.

Aujourd’hui, la question n’est plus « que m’est-il permis de faire » - comme c’était le cas lorsque les carcans religieux et traditionnels n’avaient pas encore été brisés.

La question est désormais « suis-je capable de le faire ? », puisque chacun est responsable de sa réussite (voir à ce sujet mon article sur le piège consistant à courir après "la meilleure version de soi-même").

Cette pression insidieuse pour être à la hauteur pèse sur toutes les générations, et plus particulièrement les jeunes, ce qui se traduit notamment par le phénomène des phobies scolaires.

​Une anxiété difficile à verbaliser

Paradoxalement, alors que les troubles anxieux s’étendent et que le sujet fait souvent la une des magazines, nous demeurons extrêmement discrets sur le sujet lorsque nous faisons partie des personnes touchées.

D’une part parce qu'il est très difficile d'avoir conscience d'être en proie à une angoisse symptomatique.

D’autre part, parce que l’anxiété est souvent vécue comme une honte dans notre société où l'assurance et la performance sont portées au rang de valeurs suprêmes.

Pourtant, mettre des mots sur ce malaise latent est un préalable pour aller mieux.

Le problème, c’est qu’en plus d’être difficile à admettre pour les raisons évoquées, l’anxiété est difficile à décrire et à reconnaître.

Les symptômes de l’angoisse ont ceci de particulier qu’ils diffèrent d’une personne à l’autre (irritabilité pour certains, difficultés à s’endormir pour d’autres, compulsions alimentaires pour d’autres encore etc.). De plus, ils nous induisent souvent en erreur quant à ce qui nous affecte réellement dans la vie.

A cela s’ajoute encore que le mot « stress » recouvre plusieurs réalités différentes : comment distinguer une peur légitime et protectrice d'une anxiété profonde handicapante, d’une la véritable crise d'angoisse paralysante, ou encore d'une fatigue persistante susceptible de mener au burnout.

C'est ce que nous allons voir dans la prochaine section.

​Un vocabulaire confus

Le stress

Du point de vue biologique une réaction de stress est là pour nous permettre de faire face à la perception d’une menace imminente, afin d’actionner un mécanisme réflexe d’attaque ou de fuite.

Ce faisant, notre organisme sécrète des hormones de stress (adrénaline, noradrénaline et cortisol) pour assurer sa préservation vitale.

Dans un premier temps, nous allons secréter de l’adrénaline afin d’accroître notre alimentation en énergie et nos capacités de réaction sur une durée déterminée.

Nos organes tels que le cœur, le cerveau ou les muscles seront stimulés davantage, alors que d’autres de nos activités organiques consommatrices d’énergie (comme l’activité des intestins) seront refrénées.

Simultanément, nous allons secréter de la noradrénaline. Cette hormone agit comme neurotransmetteur dans la partie de notre cerveau qui contrôle la peur : l’amygdale.

En permettant une meilleure connexion entre les neurones de cette région, la noradrénaline provoque chez nous le sentiment de peur. Pour sa part, ce sentiment entraine une meilleure capacité de mémorisation de la situation (puisque dans le cerveau la situation a ainsi été liée à une émotion forte).

Il faut bien comprendre que la sécrétion d’adrénaline-noradrénaline – non néfaste pour l’organisme - est destinée à produire des effets à court terme. La capacité du cerveau à réagir à ces hormones diminue rapidement.

Par conséquent, un état de stress permanent mène à une baisse de l’efficacité des hormones d’adrénaline et noradrénaline. Leur effet diminuera progressivement jusqu’à l’arrêt complet.

En revanche, dans de tels cas, notre organisme produira la troisième hormone du stress, le Cortisol. A long terme, un niveau de cortisol élevé entraine un taux de glucose élevé et une résistance à l’insuline. C’est cette résistance qui provoque la diminution progressive de la sensation de faim.

Simultanément, notre pression sanguine et circulatoire augmente, tandis que nos activités organiques nécessitant un important apport en ressources énergétiques diminuent (constitution de l’ossature, l’absorption de calcium dans l’intestin, entretien de la peau, fonctionnement du système immunitaire etc).

Enfin, certaines régions de notre cerveau subissent des blocages, notamment le cortex cérébral responsable des ressources intellectuelles complexes et associatives. Cela entraine, en pratique, des troubles de la mémoire, de la concentration et de la difficulté dans la prise de décision.

On voit donc bien que les réactions corporelles initiales à une situation de stress sont incontestablement utiles à la survie. En effet, elles nous permettent d’éviter toute incertitude ou hésitation dans une situation nécessitant une réponse de combat ou de fuite.

Le problème, c'est que ces réactions se retournent contre notre organisme sur le long terme.

Le stress et l'émotion de peur sont donc liés. Face à un danger immédiat, on ressent de la peur, une émotion forte et intense, dont le but est de déclencher des mécanismes de défense face au danger.

La peur, ou le stress a court terme, est donc indispensable à notre survie. Cette émotion s’accompagne de réactions physiques, comme la production soudaine et abondante d’adrénaline. Cela nous permet de fuir ou de nous se défendre efficacement.

L’angoisse et l’anxiété en revanche, sont des sentiments plus diffus et installés sur le long terme, comme nous allons le voir dans les sections suivantes.

L’anxiét​é

L’anxiété est une émotion vague de malaise. Elle se traduit par un état d’appréhension, de nervosité et de détresse émotionnelle plus ou moins intense : gorge ou l’estomac noué, difficultés à respirer, palpitations, transpiration excessive.

Tout comme la peur, l’anxiété est une sensation normale, présente chez chacun d'entre nous lorsque nous devons faire face à une situation inconfortable.

Mais il arrive qu’elle se manifeste de manière incontrôlée ou excessive. Elle peut ainsi survenir sans raison apparente ou susciter une réponse disproportionnée comparée à l’événement déclencheur.

Dans de tels cas, elle affecte notre quotidien et il s’agit ici d’une véritable pathologie, dont les causes sont souvent difficiles à identifier.

Au-delà d’une prédisposition naturelle à la nervosité, il semble que certains facteurs jouent un rôle important (parents hyperanxieux ayant transmis leurs angoisses aux enfants, manque de confiance en soi, appréhension généralisée face à l’existence etc…).

Pour répondre à une anxiété chronique, les psychothérapies - qui peuvent prendre différentes formes, allant de la psychanalyse à la programmation neuro-linguistique (PNL) - sont indiquées.

L’angoisse

Enfin, l’angoisse est une émotion ponctuelle. Elle survient souvent sous forme de crise, alors que l’anxiété peut être de nature plus chronique.

La médecine considère que l’angoisse est une forme exacerbée d’anxiété.

A ce stade on peut parler de crise d’angoisse, ou crise de panique. Cet état est très invalidant. Une crise de panique peut survenir chez des personnes souffrant d'anxiété, mais aussi chez les dépressifs ou dans certaines formes de psychose.

De telles crises s’accompagnent généralement de manifestations physiques, voire neurologiques, telles qu’une sensation d’étouffement, une tétanie des muscles, voire une impression de mort imminente. Heureusement, de telles crises ce traitent très bien, et il est tout à fait possible de sortir renforcé de cette expérience (pour plus de détails à ce sujet mon article sur La Crise d’Angoisse).

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